Nous reprenons nos marques à deux et c’est avec un pincement au cœur que nous quittons l’auberge de jeunesse, lieu heureux des retrouvailles en famille.
Apres 14h de bus de nuit pour effectuer 600 km, nous atteignons Florianopolis dans l’Etat de Santa Catarina. Nous commençons à prendre nos marques pour ces trajets de nuit, mais dans la précipitation nous oublions de prendre un blouson pour lutter contre la manie des chauffeurs de bus de mettre la climatisation à fond ! D’ordinaire, nous aimons arriver en avance dans les gares, toujours une petite appréhension pour embarquer les vélos, mais la nous nous sommes un peu perdues dans Sao Paulo tellement nous voulions éviter un quartier malfamé qui nous avait tant marqué à notre arrivée ! Résultat : 1h45 de trajet à vélo au lieu d’une 1 h !
Florianopolis nous fait penser à Curitiba dans le Parana sauf qu’ici c’est une île dont Florianopolis est la porte d’entrée. La ville jouit d’un petit centre piétonnier très agréable avec un marché couvert où il fait bon s’arrêter manger ou boire un coup. Sur l’île de Santa Catarina à cette époque, il est impossible de se baigner à moins d’avoir une combinaison. Vous imaginez bien que nous avons dû établir des priorités lors de la préparation des sacoches…..et donc pas de baignade pour nous ! Par contre, nous trimbalons un masque et un tuba qui ne nous servent pas … En effet, nous avons perdu au moins 10 degrés depuis Sao Paulo et l’île est plutôt l’occasion de se balader dans les collines, les plages et les villages acoréens. L’impression d’être seules au monde est une constante ! Quel ne sera pas notre désappointement d’être bloquées dans le bus dans des embouteillages, malgré la présence d’un réseau de transport en commun qui semble fiable.
Apres une vérifications des vélos et des vivres, nous reprenons la route ! Sud toute! Nous devons pédaler 1000km pour rejoindre la frontière uruguayenne.
Nous allons suivre la côte avec plus ou moins de proximité en fonction de la nature de la route (asphaltée ou sable). La route asphaltée a comme avantages de rouler plus vite et de trouver à se restaurer et à boire plus facilement grâce aux nombreuses stations services mais nous cohabitons alors avec énormément de voitures et camions. La route en sable, elle, nous permet de trouver un hébergement plus sympathique mais devient vite impraticable en cas de mauvais temps. Ainsi, un jour, nous pousserons les vélos pendant 1h15 pour faire 6 kms pour rejoindre une pousada (un gîte) ! La route en sable est rouée et ne prévient pas ! Heureusement, souvent, les locaux sont la pour nous les signaler. Au fur et à mesure de la descente vers le Sud, nous roulons entre océan et lagunes et toute la faune et la flore qui s’y sent bien. Nos coups de pédales sont rythmés par le croassement de multiples batraciens que nous arrivons rarement à voir tant ils se confondent bien avec leur environnement, un vrai concert. Nous traversons nombres de réserves naturelles avec renards, petits rongeurs et gros rongeurs ! Nous rencontrons pour la première fois des capybaras. Espèce protégée de rongeur, ils sont de la taille d’un petit cochon avec une tête assez carrée. Ils se reposent sereinement au bord de l’eau. Heureusement, des clôtures les empêchent d’aller sur la route, les autres animaux n’ont pas cette chance et c’est par dizaine que nous croisons des cadavres allant des serpents aux tortues en passant par les tapirs, un vrai carnage. Le pépiement des oiseaux nous accompagne de jour comme de nuit. Les migrateurs sont présents à cette epoque et c’est un régal pour les yeux, notamment la spatule rosée, rose comme un flamand mais plus courte sur pattes et un bec en forme de cuillère. Puis, enfin, il y a des champs avec caprins et taureaux. Certains magnifiques, noirs comme l’ébène. La fille d’agriculteur que je suis essaie d’oublier que les fils de clôture ne sont pas forcément électrifiés ! Nous pensions que l’Argentine était le pays des gauchos, le Brésil également. Sur la route, nous les croisons sur leurs chevaux : ils sont beaux , fiers et élégants tels que nous les imaginions. Nous les voyons meme dans la ville de Torres ou les chevaux broutent sur le bas côté ou tirent des charrettes et côtoient les voitures et les camions. Certaines rues sont interdites à ce type de « véhicules ». Tout ces petits détails qui font le charme du voyage et du dépaysement. Nous trouvons quelques camping pour planter la tente. Beaucoup sont fermés, ici c’est l’hiver. L’accueil y est souvent très chaleureux parfois décalé comme cette gérante âgée et malade qui nous reçoit allongée sur son lit au milieu de ses chats et malgré tout toujours très jolie et très digne. Je crois qu’ un instant Cath s’est crue au travail. Nous voilà assises à ses côtés pour parler de notre itinéraire à vélo et elle de dire que nous sommes folles de faire un tel voyage. Nous sommes toujours bluffées par l’hospitalité des Brésiliens : Neru nous accueille pour le déjeuner car c’est un fan de vélo, Reny dont les enfants vivent loin ne veut pas nous laisser dormir sous la tente à cause des prévision météo et nous invite à dormir chez lui, Therezhina et Gabriel, propriétaire d’un gîte nous invitent à déjeuner puis nous amènent à la route asphaltée en pickup tant la route secondaire de leur ferme est abîmée par les pluies diluviennes. Eux mêmes sont médusés par l’état de la route, ici, aussi, le dérèglement climatique a frappé.
Ces rencontres, au delà de l’aspect humain, sont toujours pour nous une occasion de mieux découvrir le pays.
Nous continuons à lever le pouce plus vite que notre ombre, en signe d’assentiment et de remerciement, en fait, finalement un signe qui sert un peu pour tout tant que c’est positif. Nous quittons ce pays qui nous a tant charmé mais les assistantes sociales que nous sommes ne peuvent rester insensibles devant tant d’inégalités d’autant plus flagrantes qu’elles se côtoient. Dans l’état du Rio Grande Do Sul, nous avons encore une fois parcouru une route avec du côté gauche des immeubles cossus, blancs immaculés, sortant de terre protégés par murs et barbelés qui font la nargue au côté droit, quartier de bidonvilles. Nous essaierons de suivre le résultat des élections présidentielles en octobre car nous avons bien senti à la fin du voyage un pays dans l’expectative. Nous ne nous permettons de parler de corruption mais spontanément, les Brésiliens en parlent souvent et nous sentons une lassitude certaine voire du défaitisme à ce sujet. Dans la ville de Rio Grande, au moment où nous savons que Lula ne pourra pas se présenter, nous ne comptons plus le nombre d’inscription « Lula livre »sur les murs c’est à dire Lula libre.
Nous passons la frontière à Chuy, ville « partagée » entre Le Brésil et l’Uruguay. Nous avions des appréhensions à l’entrée du Brésil du fait des récits de voyageurs détroussés, agressés… Pour notre part, nous n’avons pas ressenti plus d’insécurité qu’au Pérou ou en Equateur même si nous ne pouvons que constater que les villas et immeubles des Brésiliens sont tres souvent hyper protégés avec barbelés, alarmes et gardiennage.
Nous allons maintenant partir à la découverte de l’Uruguay, tout petit pays à côté de son voisin gigantesque.
Nous espérons que les rentrées diverses et variées se sont bien passées pour vous tous.
Merci pour ce beau récit de vie de nos globe-cyclistes préférées !
Après le portugais parlé parfaitement
(?), vous repassez en espagnol…
Ty-Dom & Mae vous embrassent d’Asnieres
Coucou aux fidèles, oui, nous sommes repassées à l’espagnol, c’est quand même plus confortable ( car le portugais parlé parfaitement, non pas vraiment!), même si les Urugayens ont un sacré accent encore pire que celui des argentins : ils mettent des « che » partout.
Une grosse bise à vous deux.
Un plaisir de vous lire !
J’ai retrouvé de la compagnie avec plaisir après un mois d’août calme. La vie est douce, l’appart est beau, vous me manquez.
Hier, j’ai réalisé un délicieux pasta pot, je reprends du service !
Des gros bisous,
Claire, Tim et Léon.
Coucou Claire, Tim et Léon, contentes de savoir que vous allez bien et que la vie reprend du service. Profitez en bien.
On vous embrasse.
WHAOUUUUU…..
Merci pour ce court commentaire qui nous a fait plaisir et nous suffit, chacun son style.
Grosses bises.