Nous restons en Uruguay du 09 au 23 septembre. Le passage de frontière a été l’un des plus rapides du voyage. Nous avons toujours une petite appréhension à la douane, un peu irraisonnée, il faut le dire…, la peur de ne pas avoir le papier qu’il faut, la peur qu’on nous fouille nos bagages et voir toutes nos affaires en exposition…
Ici, le printemps arrive avec ses journées qui s’allongent. Cela nous fait un bien fou de ne plus voir la nuit arriver à 18h00 et donc de rester un peu dehors. Par contre, le printemps dans cette contrée est humide et nous avons de la pluie plusieurs fois par semaine si nous sommes bien au sec c’est tant mieux, si nous sommes sous la pluie sur nos vélos, c’est tant pis…
Notre adage en voyage est : « les journées se suivent mais ne se ressemblent pas ». Il nous permet de bougonner un peu moins les jours de vent et de pluie.
A la frontière avec le Brésil, pour éviter la déception, nous étions préparées à un accueil plus frileux de la part des Uruguayens. Or, il a été à la hauteur de l’accueil brésilien.
A nouveau, nous retrouvons nos amateurs de maté. Nous les croisons la calebasse dans une main et le thermos d’eau chaude sous le bras. Nous le vivrions comme une contrainte, pour eux c’est très naturel. Certains ont un système portatif à deux compartiment : un pour la calebasse, l’autre pour le thermos. Les cyclistes ont même un sac rigide, le plus souvent en cuir. Souvent la calebasse est familiale et le chef de famille tient le thermos pendant que chacun échange le breuvage. Même les plus jeunes s’y mettent. Il convient de ne pas toucher la paille et de finir le contenu avant de rendre la calebasse.
Pour arriver à la capitale, Montevideo, nous longeons la côte atlantique. A l’instar du Brésil, nous traversons les paysages assez sauvages bien qu’étant cultivés. Nous retrouvons les perruches vertes qui nous avaient tant plues au Paraguay. Nous prenons notre temps car fait rarissime : nous avons de l’avance et en profitons pour rester un jour de plus dans les endroits où nous aurions passé seulement une nuit. Nous trouvons une petite route en bon état qui nous évite le traffic. Nous visitons les villes de La Paloma, de Punta del Este, de Piriapolis. Punta del Este marque la distinction entre l’Ocean Atlantique et la Mar ou Rio de la Plata (fleuve). La ville est très touristique. Sur plusieurs kms d’affilée, nous voyons défiler les beaux immeubles blanc de standing avec vue sur la mer. Et ce n’est pas terminé, beaucoup de terrain à bâtir sont encore en vente. La casapueblo, a 10 km et oeuvre de l’artiste Carlos Paez Vilaro est pour nous une vraie découverte car nous avons bien failli passer à côté. Cette gigantesque construction blanche toute anguleuse sorti de l’imagination de cet artiste laisse sans voix. Et on se dit que quand on peut c’est quand même bien d’aller au bout de ses rêves comme dit la chanson. En ce début de printemps, nous assistons à l’effervescence pour préparer la saison : les paysagistes ont sorti les tondeuses et tailles bordures, les laveurs de vitre s’affairent également. Beaucoup de campings sont fermés mais dans les zones touristiques, nous finissons toujours par en trouver un.
Quand nous campons, chacune a ses rôles bien définis, cela nous permet d’être plus efficaces. Nous mettons entre 1h15 et 1h30 à tout ranger et faire place nette. Je m’occupe de préparer le petit déjeuner pendant que Cath finit de ranger la tente avec les matelas gonflables. Nous la plions à deux mais je suis préposée au roulage de la tente pendant que Cath organise la housse. Le temps imparti au rangement est très lié à l’humidité de la tente. Nous prenons un peu plus de temps si nous pensons que quelques minutes supplémentaires permettront un meilleur séchage pour ne pas ranger la tente mouillée. J’aime partir le matin, regarder le lieu de la nuit et me dire que personne ne peut imaginer que nous y avons dormi. Cath aime l’arrivée le soir, le bivouac enfin trouvé, le repos, la récompense de la journée.
La capitale, avec ses 1,5 millions d’habitants (la moitié de la population du pays), a un tout petit centre historique. Nous y passons trois nuits et deux jours, le temps de visiter son grand marché populaire du dimanche matin, de découvrir quelques peintres uruguayens et se balader au centre. Certains édifices du centre nous font toujours autant de peine par leur état de délabrement. Initialement, nous avions prévu de nous arrêter dans la capitale puis prendre un ferry direction Buenos Aires. Nous avons de l’avance et avec notre bougeotte de cyclo voyageur, nous continuons vers la ville de Carmelo où nous pouvons également prendre un ferry pour rejoindre l’Argentine. Autant l’entrée de Montevideo a été assez agréable avec une route et bas côté ou piste cyclable en construction, autant la sortie a été assez détestable avec grosse route et vieux camions brinquebalants. Dans ce pays au niveau de vie comparable à l’Europe, nous voyons les plus vieux tacots d’Amérique de Sud. Seuls éléments qui nous apportent un peu de dépaysement. Nous avons même retrouvé des ballons d’eau chaude, de l’eau chaude à l’évier, cela peut sembler bête mais quel bonheur de faire de la vaisselle à l’eau chaude, quand c’est très gras, c’est quand même mieux…
La majorité de la route pour rejoindre Carmelo n’est pas particulièrement jolie sauf le dernier tronçon de 80 kms. Nous bivouaquons deux soirs, le premier à côté d’une station service, au moins on était bien gardées et le deuxième sous l’auvent d’un stade de pelotas, sport typiquement uruguayen. Nous faisons le choix d’éviter la ville de Colonia de Sacramento pour gagner 20 km et surtout car nous y reviendrons de Buenos Aires en ferry avec notre amie.
Carmelo sera donc notre dernière ville. Nous y restons trois jours, le temps de profiter de la plage de Séré au confluent de la Mar de Plata et de l’Arroyo de Las Vacas, du petit centre ville avec ses quelques maisons Art Déco, la visite d’une cave à vin (la découverte d’un cépage, le Tannat), laver les vélos et même le spectacle d’une chanteuse de Montevideo. Le camping est situé sur une pointe et nous nous amusons, à partir d’une certaine heure, à voir le ballet des habitants en faire le tour : les ados utilisent le vélo, les jeunes adultes et les fauchés sont juchés sur leur mobylette et les autres sont en voiture. Je ne vous cache pas qu’à 23h00 quand nous sommes fatiguées, ils nous tapent un peu sur le système d’autant qu’ils ne doivent plus voir grand chose, mais rituel quand tu nous tient.
Le ferry nous mène à Tigre, la banlieue de Buenos Aires où nous resterons une journée tant nous avons entendu des louages à propos de ce delta. Le passage de frontière pour entrer en Argentine est plus rigide, les sacoches sont scanners et nos bananes achetées en Uruguay n’auront pas le droit de franchir la frontière et nous les mangerons sur le pouce à la douane. Néanmoins, une fois encore, nous constatons que le moyen de transport le plus simple pour les cyclotouristes est le bateau : pas nécessaire de décharger les vélos, des accès sans marche. Il nous faut juste être vigilantes pour vérifier qu’ils sont bien accrochés. Nous avons même réussi à caser les vélos dans une petite embarcation au Nord du pays où le plus difficile a été de trouver la personne qui pourrait nous prendre car les deux personnes officielles étaient parties à la ville. Heureusement, après une heure à errer à la recherche de ces deux pêcheurs qui étaient partis depuis belle lurette, les réseaux informels du village se sont activés et nous ont permis d’éviter la grosse route.
Comme nous vous le disions, l’accueil des uruguayens a été à la hauteur, Alvaro, notre voisin de camping, qui lui n’est pas sous la tente, nous invite à diner. Patricia, croisée à Punta del Este, comme tombée du ciel, vient me saluer, m’embrasse et me dit « je suis warm shower, venez dormir à la maison, ça fait tellement longtemps que j’attends des cyclistes ». Nous passerons également avec elle des moments très sympas d’autant qu’elle a longtemps voyagé à vélo. Sans compter, les personnes qui nous guident dans notre recherche d’un lieu officiel ou non pour planter la tente… En France, on se dirait : « mais, ils sont louches ces gens là ».
Grâce à toutes ces rencontres, nous apprendrons que l’avortement est légalisé depuis deux ans, que la consommation de cannabis est dépénalisée et les femmes d’Uruguay votaient avant les femmes de France.
Ce pays est pour l’instant le plus cher du voyage, au niveau hébergement et nourriture de base, heureusement nous y avons beaucoup campé. Mais, nous nous demandons comment la population fait pour assurer son quotidien et pour autant nous croyons y voir moins d’inégalités qu’au Brésil.
Ce petit pays de trois millions d’habitants nous a beaucoup plu car un petit pays avec des villes facilement accessibles cela fait aussi du bien et avec des habitants aussi agréables que demander de plus…
Nous espérons que vous allez bien.
Quel plaisir de vous lire au réveil! Tout va bien chez nous, l’automne et la fraîcheur s’installent et nous avons repris notre vie de dingo! On vous embrasse fort
Bonjour les Locopoise, contentes que vous alliez bien. On a pensé à vous car on a croisé plusieurs couples de français qui rentraient de Nouvelle Zélande.
Bises à vous quatre.
Mon rituel s’installe : lecture de votre texte & vue de vos photos au petit-déjeuner : la journée démarre bien. Je voyage avec vous l’espace d’un instant, découvre vos coups de coeur (casaPueblo a un côté Sagrada familia ?!) m’amuse de la répartition des rôles, vous imagine mieux dans votre super voyage… Nous vous évoquerons sans faute demain à la fête des 9 ans de Jeanne !
Des biz automnales à toutes deux
Bonjour fidèle des fidèles Maé, ca y est tu peux enfin lire un nouveau blog, il est en ligne. On essaie de partager notre quotidien mais ce n’est pas toujours facile car on a aussi envie de parler du pays et des gens qu’on croise…
Grosses bises.
Supe ce nouveau récit ! Je peux le lire tranquillement dès sa parution ou presque car ma pauvre Loulou est tombée sur les dents dans la cour ce matin et me voilà à la maison en attendant d’aller faire une radio chez le dentiste cette aprem…
L’Uruguay avait l’air charmant… Merci pour vos récits de voyage qui ramènent à l’essentiel et nous font sortir de notre tourbillon de fou ! Profitez de la vraie vie, la vôtre !
Bisous
Au plaisir de vous parler de nouveau. Bisous.