Dernière ligne droite du voyage : nous avions repéré un itinéraire pour éviter la route passante type autoroute de chez nous mais sur laquelle on trouve des arrêts de bus, des tracteurs et des familles à vélo. Mais il s’avère que plusieurs de ces routes ne sont pas bitumées. Finalement, il n’y a pas qu’en Patagonie que le Chili a des routes en gravier. Donc nous nous rabattons sur l’ « autoroute » hyper empruntée qui a l’avantage d’avoir une piste sur le côté. Nous voici donc comme au Brésil au côté des voitures, camions de 25 mètres de long lancés à toute allure mais selon les locaux il s’agit de la route où nous sommes le plus en sécurité.
Les 1000 kms qui séparent Santiago de Puerto Montt vont nous faire passer par des vallées agricoles verdoyantes et pluvieuses, des vignes, des zones arboricoles puis quasi désertiques. Contre toute attente, nous trouverons quelques campings rustiques comme disent leurs gérants ou l’eau chaude n’est jamais au rendez vous, les douches froides nous rafraîchissent donc après des journées à 30, 35 degrés. Puis, nous poserons la tente chez les pompiers, dans des stations service ou pour le coup, nous n’effectuerons pas un km de plus pour chercher un lieu pour la nuit… Mais on oublie la tranquillité… Deux moments vont nous marquer particulièrement : l’accueil par une famille Mapuche avec 4 enfants et trois nuits en camping rudimentaire. Nous avons longuement parlé des revendications du peuple Mapuche pour récupérer ses terres, conserver sa langue. Nous avons été très touchées par leur détermination, leur rapport avec la police qu’ils vivent comme des persécutions et leur loyauté vis à vis de ce qu’ils nomment la terre mère. Les Mapuches font partis de ces peuples autochtones présents sur les territoires avant l’invention des titres de propriété et donc l’arrivée des colonisateurs espagnols. Une histoire tristement universelle. Sont également évoqués les périodes d’incarcération loin de chez soi même pour les leaders des groupes non armés voire les bavures policières.
Les traditions sont très ancrées : par exemple, quand ils commencent à manger, ils versent une lichette de nourriture sur le sol, certaines femmes portent toujours des bijoux traditionnels.
Nous avons gagné du temps en prenant la route principale, nous nous octroyons donc une pause de deux jours dans un camping à côté d’une rivière et loin de la route donc bien plus calme sauf si on fait abstraction des chiens. Nous n’ avons pas parlé des chiens depuis longtemps mais ici ils sont omniprésents, seul avantage ils sont rarement agressifs et ceux qui le sont sont bien gardés. Nous ne savons quasi jamais qui en sont les propriétaires mais il y en a toujours un pour venir roder essayer de manger des fois qu’on ferait tomber un bout de pâtes à la sauce tomate (notre repas du soir le plus fréquent) par terre. Il ne vient jamais de touriste dans ce lieu hormis des habitués et nous sommes un peu les chouchous : on nous offre à manger et à boire, on vient discuter avec nous et même nous remercier de visiter le Chili. Quel sens de l’accueil !
Nous roulons pendant 10 jours avec Jeff rencontré par hasard, un jeune retraité anglais parti d’Ushuaia pour un voyage au long cours et ex pompier. Son vélo est bien plus chargé que les nôtres d’où un côté Mac Gyver pour les imprévus : un « chat Mapuche » vous lacère la tente sur 40 cm (et oui, depuis le temps qu’on se dit que ça finira par arriver), Jeff a l’adhésif qu’il nous faut, une envie de truite, Jeff sort sa canne à pêche télescopique… Nous passons donc de très bons moments ensemble.
Nous croisons beaucoup de ressortissant d’Haiti, (non ils ne sont pas tous en région parisienne !), venus avec ou sans leur famille pour travailler et faire vivre les leurs. Nous les rencontrons pompistes dans les stations essence, ramasseurs de fruits et légumes dans les régions chaudes avec des contrats de travail hyper précaire ou vendeurs dans les magasins. Revient toujours et c’est normal le mal du pays et la difficulté de s’intégrer dans un pays qui nous semblait plutôt ouvert aux étrangers. Je pense que les médias français ont parlé de la crise politique et économique au Venezuela. Depuis le début du voyage, nous croisons des vénézuéliens, en avril dernier au Pérou immigraient les classes sociales favorisées et au fur et à mesure du voyage, nous avons vu arriver les plus en difficultés et ce jusqu’à Ushuaia.
Nous arrivons bien en avance à Santiago pour préparer le départ (trouver des cartons et du papier pour emballer les vélos) et avoir le temps de visiter la ville et ses alentours. La ville de Santiago nous plait : quelques musées intéressants à la bonne taille, pas trop longs, pas trop courts (histoire de ne pas avoir un emploi du temps de ministre), un des plus grand parcs du monde dans une capitale, des quartiers vivants, une situation proche de Valparaiso et l’Isla Negra permettant d’y aller sur la journée et une auberge de jeunesse un peu comme chez nous ou nous serons seules pendant plusieurs jours. Le gérant cumule plusieurs emplois et passent très peu de temps dans l’auberge : il nous montre comment fermer la porte, éteindre les lumières pour la nuit… Comme à la maison, on vous dit. Au vu du coup de la vie, nous nous demandions souvent comment faisaient les chiliens pour s’en sortir : à plusieurs reprises, nous avons constaté qu’ils travaillent beaucoup.
Comme dans toutes capitales, nous retrouvons les personnes à la rue, sous produit licite ou illicite, les campements, les immeubles dégradés…. Egalement des stigmates des tremblements de terre réguliers, ici, quasiment aucune marquise n’a conservé ses vitrages, quelques églises présentent d’importantes lézardes.
Nous avons un coup de coeur pour les maisons du poète et ancien ambassadeur du Chili à Paris, Pablo Neruda. Il était un grand collectionneur et grand voyageur. L’idée de regrouper une collection d’objet avec une telle patience et une telle constante nous subjugue d’autant que ses maisons ont également été construites en fonction. Ces maisons nous plairont tellement que nous visiterons les trois. Comme dit Catherine, heureusement qu’il n’y en a pas 18.
Santiago a été une ville agréable pour clore ce voyage à l’image du Chili quel grand écart entre le Nord désertique et le Sud pluvieux, entre les catastrophes écologiques liées à l’exploitation des minerais (entre autre le cuivre) et l’interdiction des sacs en plastiques, pays du socialiste Allende mais aussi de Pinochet, le dictateur…
Nous rentrons en France le 30 janvier, la tête pleine de souvenirs des beautés du monde et de ses habitants, contentes de revoir nos familles, nos amis, notre confort et un jean….. Mais pas vraiment ravies de reprendre un rythme vélo boulot dodo… Nous ferons sûrement un dernier blog à notre retour pour donner les dernières nouvelles.
un petit dernier post qui a déjà un parfum de nostalgie !
vos articles nous manqueront mais on est heureux de vous entendre reparler de tout ça -et plus- de vive voix.
besos et à bientôt !
Le compte à rebours approche pour vous comme pour les Ki à grans pas, on dirait une course de relais d’aventuriers !
On vous retrouvera avec plaisir pour échanger davantage sur votre superbe velo-trip, pourquoi pas autour de ceviche et de vin chilien en régions parisienne ou bretonne,
un grand merci pour ce partage régulier de nouvelles, d’informations sur les pays visités traversés, de vos rencontres , de vos découvertes, de vos indignations et de vos coups de coeur!
Biz de Maé
C’est émouvant de lire votre dernier post. Que de chemin parcouru!! On vs attend mercredi à l’atterrissage, trop hâte de vous voir!! De notre gd départ qui approche de notre côté … ah ces familles de voyageurs! Bisous
Hello les filles !
Première réaction à froid : le mythe du poète sans le sou… c’est donc bien un mythe ?
Deuxième réaction à froid : le ceviche de crevettes, vous avez appris à le cuisiner ? Parce que ça donne envie !
Extrêmement hâte de vous revoir !
Des bises à toutes les deux !
Salut les filles, bon retour à toutes les deux!
Merci pour le partage de ce très beau voyage.
On se programmera une soirée pour que j’ai vos impressions en direct.
Je vous embrasse
Marie
Bonne Année à vous aussi les filles,
Avec tous ces mois de vadrouilles sud américaines en têtes,
ça va aider à la reprise « dodo vélo boulot ».
Et en cas… le VDA est toujours là !
Merci pour la « première tee-shirt Volley » de l’avant dernier reportage photo.
Bizz et j’ose …
J’suis contente de pouvoir recroiser bientôt Kiki au bord du canal en rentrant du boulot ;+)
Heureuse de vous revoir bientôt!! gros bisous
Hello les filles. Ça y est vous êtes rentrées. Bon retour chez vous ! Merci d’avoir partagé l’ensemble de votre voyage avec nous. C’était top de vous lire. Maintenant on va lire jubajalousam et continuer de rêver. Très gros muxu les filles et bon courage pour la reprise.
Désormais vous êtes de la famille des Bruce Chatwin, Odette de Puigaudeau, Muriel Cerf ou Nicolas bouvier.
Bravo les aventureuses ( comme dirait J. London). Quel voyage !